Absence
de communauté linguistique pour les sourds
Les
entendants commencent à s’occuper des
sourds
Les
sourds s’occupent d’eux-mêmes
-
La naissance d’une culture et la reconnaissance
d’une langue des sourds
- Le travail de l’abbé de l’Epée
et l’invention des « signes méthodiques
»
- Problèmes soulevés par les signes
méthodiques
Les
successeurs de l’abbé de l’Epée
La
culture des sourds fleurit
L’interdiction
d'une langue
Une
nouvelle reconnaissance de la langue des signes française
(1977-1997)
Les entendants commencent à s’occuper
des sourds
Première période
: l’éducation de la parole
A l’époque de Montaigne,
des prêtres s’aperçoivent qu’une
éducation des sourds est possible. (A cette
époques ce sont les prêtres qui possèdent
le savoir et sont chargés de l’instruction,
celle-ci réservée aux enfants des
riches).
Dans les années
1500, en Espagne, un moine bénédictin
Pedro Ponce de Leon (1520-1584)
commence à éduquer quelques enfants
issus de la noblesse et il fait alors des présentations
publiques de ses succès en la matière.
Ce travail de Ponce est poursuivi par Juan
Pablo Bonet (1579-1623).
En Angleterre,
en 1653, John Wallis publie un
traité d’instruction des sourds et
selon lui, il serait utile d’apprendre les
« gestes naturels » des sourds et de
s’en servir pour leur enseigner « notre
langage ».
En Hollande et en Allemagne, les
premiers enseignants de sourds connus rejettent
complètement les gestes naturels : les gestes
ne peuvent pas être un outil valable pour
exprimer la pensée humaine et ne pourront
jamais en eux même former une langue.
En France Jacob
Rodrigue Pereire (1715-1780), précepteur
dans de riches familles d’enfants sourds,
utilise l’alphabet manuel de Bonet et quelques
gestes de son invention pour certaines syllabes
mais il refuse lui aussi d’utiliser les gestes
naturels des sourds. Ainsi l’élève
touche la gorge du professeur et essaie d’imiter
à la fois les vibrations qu’il sent
et l’articulation des organes qu’il
voit.
Quelques sourds
ont donc été éduqués
avec succès : on découvre alors qu’ils
sont intelligents et qu’il peuvent apprendre
un langage pour exprimer leur pensée. Mais
ce langage doit être exclusivement la langue
orale des enseignants qui les éduquent. On
ne conçoit pas que les sourds aient le pouvoir
de communiquer autrement qu’avec le langage
parlé. Car au XVIIe et au début du
XVIIIe siècle, l’homme éduqué
est celui qui parle bien. Pas de parole, pas de
pensée : la parole est la condition préalable
à tout langage intérieur.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle,
les philosophes remettent en question les certitudes
passées dans tous les domaines notamment
dans celui de la relation de la parole et de la
pensée, ce qui va améliorer les choses.
Seconde
période : le recours aux gestes pour enseigner
le français
A
partir des années 1760, Charles-Michel
de l’Epée (1712-1789) commence
à s’interroger sur l’usage qu’on
pourrait faire des gestes naturels des sourds. L’abbé
de l’Epée, un jour a pu rencontrer
dans leur maison deux jumelles sourdes-muettes et
a tout de suite été frappé
par la complexité du système gestuel
qu’elles employaient entre elles. A partir
de ce moment, il décide d’apprendre
les gestes avec elles et sa démarche montre
qu’il admet que le langage intérieur
existe indépendamment de l’expression
orale. Ainsi est née une grande découverte
: les gestes pourraient exprimer la pensée
humaine autant qu’une langue orale.
Il crée
donc chez lui une petite école et publie
en 1776 son premier ouvrage : « Institution
des sourds-muets » dans lequel il développe
le système qu’il appelle des «
signes méthodiques ».