Absence
de communauté linguistique pour les sourds
Les
entendants commencent à s’occuper des
sourds
Les
sourds s’occupent d’eux-mêmes
-
La naissance d’une culture et la reconnaissance
d’une langue des sourds
- Le travail de l’abbé de l’Epée
et l’invention des « signes méthodiques
»
- Problèmes soulevés par les signes
méthodiques
Les
successeurs de l’abbé de l’Epée
La
culture des sourds fleurit
L’interdiction
d’une langue
Une
nouvelle reconnaissance de la langue des signes française
(1977-1997)
L’interdiction d’une
langue
Vers
le milieu du XIXe siècle, le nombre des écoles
pour sourds a grandi plus vite que celui des enseignants
formés à la langue des signes ; ainsi
l’éducation s’est vite retrouvée
dominée par des gens qui n’avaient
aucune attache avec la culture des sourds. De plus
la poussée en faveur de l’instruction
obligatoire pour tous, qui va aboutir à la
loi de Jules Ferry, appelle l’uniformisation
des matériaux et méthodes d’éducation
et l’étouffement des langues minoritaires,
tendance accentuée par le crédo positiviste
et scientiste de l’époque ainsi que
par l’industrialisation et son crédo
volontariste.
L’usage des signes est supprimé peu
à peu en France et devient interdit par le
congrès de Milan.
Le congrès de Milan
A ce congrès International
tenu à Milan en 1880, la décision
suivante fut prise : « …La méthode
orale pure doit être préférée
». Et pour soutenir ces propos, des démonstrations
dont les sujets étaient très précisément
choisis, montrèrent la réussite de
l’éducation orale des sourds. Ainsi
fut votée à l’unanimité
presque totale l’interdiction des gestes dans
l’éducation des sourds.
La fin de l’éducation en gestes
Le retour à l’oralisme
s’effectua en remontant de classe en classe.
Les instructions ministérielles stipulaient
: « Il sera indispensable que ceux qui en
bénéficient [de l’éducation
orale] soient séparés des autres.
A la suite du départ des derniers élèves
instruits par « la mimique » en 1887,
les derniers professeurs sourds de l’institut
furent remercié et se retrouvèrent
alors sans emploi.
Au congrès International de 1900 pour l’Etude
des Questions d’Assistance et d’Education
des Sourds-Muets, la résolution finale entérina
expressément les décisions de Congrès
de Milan.
Edward Miner Gallaudet fils, un enseignant entendant
fut un des rares qui tenta de se faire l’avocat
des sourds réunis à part. Mais toutes
ses tentatives furent repoussées.
Conséquences de l’interdiction
Le
message de l’interdiction de la langue des
signes fut transmis aux générations
qui suivirent. Les gestes étaient dévalorisés,
considérés comme une pratique ancienne,
insuffisante et régressive, empêchant
d’apprendre la parole. Les enfants avaient
ainsi des idées faussées :
certains étaient convaincus que s’ils
arrivaient à bien parler, ils finiraient
par devenir entendants
d’autres croyaient qu’ils allaient mourir
avant l’âge adulte s’ils n’y
arrivaient pas (car tous les adultes qu’ils
voyaient entendaient et parlaient…)
Les enfants très à
l’aise entre eux, avaient honte et se sentaient
coupables lorsqu’ils se trouvaient en classe
et à la maison devant le mur de la parole
pure. D’où certains comportements caractériels
et problèmes psychologiques graves.
Cependant
la communauté sourde (ainsi que sa langue)
n’a jamais cessé d’exister. C’est
en France au début du XXe siècle que
se succèdent le plus fréquemment les
congrès internationaux des sourds et que
jaillissent les principales initiatives communautaires
internationales. On voit alors de grands personnages
sourds fleurir tel :
Henri Gaillard, journaliste et rédacteur
en chef de la Gazette des sourds-muets qui devint
un grand défenseur de son peuple et de sa
langue.
Rubens-Alcais qui fonde en 1924 les Jeux Olympiques
des sourds
Crellard qui crée en 1926 le Salon international
des Artiste silencieux.
La majorité des sourds en France après
les années 50 étaient massivement
et gravement sous-éduqués et quittaient
l’école avec un niveau de français
très bas. Dans la plupart de cas ils avaient
un CAP qui leur permettait de gagner leur vie avec
un métier manuel. Les tâches les plus
ingrates leur étaient réservées.
En 1977, le Ministère de
la Santé abroge, l’interdit qui pèse
sur la langue des signes mais il faut attendre 1991
pour que l’Assemblée Nationale accepte
par la loi Fabius, l’utilisation de la LSF
pour l’éducation des enfants sourds.